Une surprise de taille que celle déclenchée par le président français François Hollande qui a annoncé son renoncement à se porter candidat à un deuxième mandat, au moment où un combat semblait faire rage autour des candidatures à la primaire de la gauche, tout particulièrement lorsque son Premier ministre Manuel Valls avait annoncé son intention de vouloir s’engager dans ce pré-scrutin.

►30 Minutes| AA/Tunis/Leila

La décision de Hollande est historique. En effet, il s’agit d’un fait inédit dans les annales de la cinquième République depuis sa création en 1958, dès lors qu’aucun président sortant n’avait renoncé à se porter candidat à sa propre succession à l’exception de George Pompidou, décédé durant l’exercice de ses fonctions en 1974.

Agé de 62 ans, Hollande le socialiste, qui était hanté, depuis son élection, le 6 mai 2012, par l’obsession de laisser son empreinte dans l’Histoire, a engagé une série de paris et paraissait résolu, à travers ses premiers discours prononcés après son accès à la magistrature suprême, d’aller de l’avant sur la voie de leur concrétisation.

Des défis qui ont été inhibés par une réalité, vite secouée et marquée par des attaques terroristes, une protesta sociale, des troubles en tout genre, sans omettre les questions des migrants, de l’identité et du sempiternel problème du chômage. Une situation qui a permis à la droite française de tirer profit et d’exploiter « à bon escient » un maigre bilan d’un seul mandat présidentiel.

Bien que l’empreinte laissée n’ait pas été celle tant escomptée par Holland, il n’en demeure pas moins qu’elle a été parmi les facteurs qui ont poussé l’ancien patron de la rue Solferino  à renoncer ultérieurement à se porter candidat à sa propre succession.

«J’ai décidé de ne pas me présenter à l’élection présidentielle », une phrase courte, laconique, lancée au soir du jeudi 1er décembre, à la fin d’une allocution, qui n’aurait pas dépassé les dix minutes, prononcée au palais de l’Elysée à Paris. Une phrase qui a, in fine, anéanti tout ce qu’il avait avant, et qui est apparue effectivement comme étant « l’empreinte » qui a permis au président socialiste d’inscrire son nom dans l’Histoire de la cinquième République et de la France.

Commentant à chaud cette position, les médias français ont qualifié la décision de « saut dans l’inconnu politique », estimant qu’elle a avait approfondi l’incertitude qui plane sur la scène de la gauche française.

Une allocution « obscure » et « sentimental », selon les mêmes sources, qui ressemblait en grande partie à celui prononcé le soir des attaques qui avaient ciblé Paris le 13 novembre 2015, quand il est apparu sur les écrans de télévision profondément ému.

Une émotion qui dominait le visage du président Hollande avec ce même timbre de voix annonçant aux Français son intention de ne pas se porter candidat à un deuxième mandat.

Plusieurs observateurs ont estimé que Hollande avait la mine déconfite et paraissait abattu et défait comme il ne l’avait jamais été auparavant.

D’autres cependant étaient confiants que Hollande, « l’immunisé contre l’adversité » saisissait, convenablement, qu’en optant pour ce choix inédit, qu’il marquerait et de la plus éclatante des manières l’histoire de la cinquième République française.

Nonobstant les dimensions de cette décision, les fins connaisseurs du paysage politique français, conviennent qu’il s’agit d’un aveu d’échec ans la concrétisation des défis personnels du président ainsi que les autres à dimension économique, sociale et politique.

Au plan personnel, l’image du président Hollande a été affectée auprès des Français depuis l’implication de l’armée dans une mission au Mali.

Un engagement militaire qui a alourdi le budget du ministère de la Défense et de nombreux Français, qu’ils soient issus de l’aile gauche du parti socialiste au pouvoir ou de la droite, voire même de l’opinion publique, ont qualifié de « gaspillage et de dilapidation » de ressources pouvant être destinées à résoudre des problèmes internes plus pertinents, tels que celui du chômage galopant.

De même, et depuis que la France a été la cible d’attaques terroristes au début de l’année 2015, attaques qui ont fait de nombreuses victimes, Hollande a, en dépit des efforts consentis et indépendamment du degré du sérieux et de sincérité de son action, échoué, selon des observateurs, à satisfaire les aspirations des Français et à accomplir sa mission convenablement.

Aux plans social et économique, Hollande a défendu, dans son allocution, le bilan de son premier mandant, reconnaissant tout de même « quelques erreurs et autres retards ».

Un aveu qui a ému et l’a fait grandir auprès de ses partisans mais qui a été condamné par ses adversaires politiques et par l’opinion publique, à telle enseigne que les médias français ont avancé que les taux de chômage, que Hollande avait promis la résorption lors de sa campagne électorale, n’ont connu une tendance à la baisse que depuis une année.

Ces mêmes médias ont tenu à reconnaître que le président français, à sa décharge, a assumé ses fonctions au cours d’une phase délicate, dans un contexte mondial instable.

Les médias en question ont relevé que le nombre des demandeurs de travail s’est accru depuis le mois de mai 2012 à plus de 550 mille personnes, un chiffre largement suffisant pour faire capoter tout bilan.

Des paris « perdus » qui ne pouvaient aboutir qu’à l’échec politique de Hollande.

Ayant été incapable de convaincre ses concitoyens quant à la pertinence de sa vision et ses approches, le président français a vite sombré et a vu sa côte de popularité s’enliser.

Pour les mêmes raisons pratiquement, un hiatus a frappé son parti, dont l’aile gauche, ou les récalcitrants rebelles ont affiché ouvertement leur opposition à sa politique qualifiée de « libérale ».

Depuis trois ans environ, une partie de la majorité présidentielle a proclamé son rejet de sa politique, dénonçant ses choix et orientations qui n’étaient pas mentionnés dans son programme électoral.

Depuis plusieurs mois, l’ancien ministre de l’Economie, le socialiste Emmanuel Macron, avait présenté sa démission et annoncé sa candidature à la Présidentielle de 2017, dans un défi franc à Hollande.

Récemment, et plus précisément, avant l’annonce du retrait de Hollande, son Premier ministre Manuel Valls n’a pas hésité à mettre en garde contre les risques d’une nouvelle candidature du président, qu’il a qualifié de « fragile », eu égard à la place actuelle de Hollande auprès des Français, de la gauche et des socialistes.

Une «vision perspective » et prémonitoire  qui s’est illustré plus rapidement que prévu et un résultat auquel le président français est parvenu assez tôt en renonçant à se présenter au scrutin de mai 2017.

Un choix qui paraissait conscient de la totalité des risques pouvant être générés d’une candidature à un deuxième mandat, qui serait conjugué à un échec à atteindre le deuxième tour, synonyme d’un cuisant échec de la gauche française et la reproduction du choc et du séisme de la Présidentielle du 21 avril 2002, lorsque le candidat de l’extrême droite, Jean Marie Le Pen, dont la fille Marine, actuel porte-drapeau du Front national, avait réussi à atteindre le deuxième tour. ​

(traduit de l’Arabe par 30 minutes)

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